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Nicolas Sarkozy à Buno-Bonnevaux L’agriculture, un secteur stratégique selon le président de la République

Pendant ces deux heures de discussion, le président de la République a fait une mise au point sur les problèmes de compétitivité du secteur agricole au regard des autres pays de l’Union, de l’Allemagne en particulier, et des pays tiers. Pour 2013, « la régulation des prix agricoles fait partie de la priorité de la République française ». La France est prête à accepter une baisse des aides si l’Union européenne se dote des moyens pour renforcer la préférence communautaire pour garantir des prix supérieurs aux coûts de production.

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Mardi 6 avril 2010, c’était une réunion de haut niveau qu’a présidée Nicolas Sarkozy; une réunion de deux heures pendant laquelle le président de la République a invité les présidents des organisations professionnelles d'Ile de France à dépasser le bilan de santé de la Pac pour se projeter vers l’avenir. Car l’enjeu est dorénavant 2013. Il n’est pas question de revenir sur ce qui a été décidé, la crédibilité de notre pays pour orienter les débats et défendre une Pac de « l’après 2013 » plus équitable, dotée d’outils de régulation, est en jeu. Une orientation que 24 pays de l’Union partagent grâce aux efforts diplomatiques payants du ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire.


Table ronde présidée par NIcolas Sarkozy entouré par Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé du
développement de la Région Capitale, Bruno Le Maire, ministre de l’alimentation de l’agriculture
et de la pêche et à sa gauche, Michel Mercier, ministre de l'Espace rural et de l'aménagement du
territoire. Face au président, les resposables professionnels agricoles d'Ile de France (Damien
Greffin, président de JA Ile de France et de Chritophe Hillaret, président de la Chambre
interdépartementale d'Agriculture d'Ile France) et nationaux (Philippe Pinta, président d'Orama
par exemple) (© Terre-net Média)

Cependant, l'échelle de temps des céréaliers et du président de la République n’est pas la même. « Il faut des dispositifs financiers et fiscaux immédiats. Sinon, 30 % des exploitations agricoles ne verront pas l’échéance de 2013 », prévient Christophe Hillaret, président de la chambre interdépartementale d’agriculture d’Ile de France.

Rendez-vous manqué!

Extrait du communiqué de JA Idf paru le 8 avril 
"Aux yeux des responsables agricoles d'Ile de France, l'implication du chef de l'Etat est porteuse
d'espoir."
"Ses ouvertures sur l'avenir témoignent cependant de son incompréhension de la nécessité d'un dispositif d'urgence pour nombre d'exploitations qui, à défaut, n'atteindront pas le cap de 2013. "
"Ce rendez-vous manqué sera peut être corrigé lors de la nouvelle rencontre d’ici la fin de l’année avec la profession d’Ile de France à laquelle Nicolas Sarkozy s’est engagé."
Le Parlement pourra amender le projet de loi de modernisation agricole, a précisé le président de la République et, ajouter de nouvelles mesures pour accompagner les agriculteurs. Par exemple, instaurer un nouveau dispositif plus flexible que ceux actuellement en vigueur pour lisser les revenus. Mais cette annonce n'a de sens que si les exploitations sont de nouveau bénéficiaires. 

Outre les propositions au niveau national que le président de la République s’est engagé à étudier pour aider les céréaliers à passer le cap de 2010 dans un contexte de prix déprimés, ce dernier a défini à Buno-Bonnevaux quelles sont les marges de manoeuvre dont son gouvernement dispose pour que l’agriculture reste un secteur stratégique (14 % de la population active d’emplois induits ). Il n’est pas question « de détruire les exploitations françaises ».

Pendant les deux heures de discussion, le président a fait une mise au point sur les problèmes de compétitivité du secteur agricole au regard des autres pays de l’Union, de l’Allemagne en particulier, et des pays tiers.

La modernisation de l’agriculture reposera sur les biotechnologies

« Une des réponses au renforcement de la compétitivité de l’agriculture française est liée à l’investissement dans les biotechnologies, a déclaré Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi 1,4 milliard d’euros du grand emprunt sera alloué à la recherche ».
« Il faut comparer les pays à armes égales », faisant allusion au coût de la main d’œuvre saisonnière employée outre Rhin. « Mais pour en atténuer les distorsions, il n’est pas question, a rappelé le président, d’envisager des mesures protectionnistes à quelque échelle que ce soit mais d’imposer des règles de traçabilité et de sécurité alimentaire aux produits importés. ».

Et revenant sur les contraintes environnementales, le président a confirmé qu’il met fin aux surenchères et que la taxe carbone ne s’appliquera en France que si elle est décidée au niveau européen. « On ne veut pas imposer aux agriculteurs des contraintes supplémentaires, c’est la ligne du gouvernement qui sera appliquée ».

« Nous ne nous opposons pas aux mesures environnementales », a tenu à rappeler Philippe Pinta, président d’Orama « mais aller vers l’excès sans bénéfice notable pour l’environnement est insupportable ».

Des positions réaffirmées. Pour 2013, « la régulation des prix agricoles fait partie de la priorité de la République française, a expliqué le président de la République. La France est prête à accepter une baisse des aides si l’Union européenne se dote des moyens pour renforcer la préférence communautaire et garantir des prix supérieurs aux coûts de production ». En France, l'observatoire des prix et des marges aura un rôle de transparence et de vérité tout au long de la filière.

Un sommet des ministres de l'agriculture du G20 en vue

Réaction d'Orama (1)

«Les Pouvoirs publics français se révèlent tout à fait conscients maintenant de l’impact désastreux que risque fort d’avoir leur décision de février 2009 d’amputer à la fin de 2010 les soutiens de la Pac à ces exploitations.»
«Les travaux du Comité de suivi des Grandes cultures, qui vont démarrer le 14 avril, devraient permettre de prévoir avec la plus grande expertise ce que sera cet impact en fonction des  récoltes, du profil des marchés et des variations des charges. Orama fonde beaucoup d’espoir dans ces travaux. Ils seront essentiels pour que puissent être prises à temps et avec l’intensité adéquate les mesures de compensation potentiellement nécessaires.»

Nicolas Sarkozy compte sur un partenariat avec l’Allemagne pour construire la future Pac. Les ministres de l’agriculture des deux pays assisteront chacun à un conseil des ministres des deux pays partenaires (Bruno Le Maire en Allemagne et son homologue à Paris).

Le G20 (groupe des 20 pays les plus riches de la planète) que la France présidera à la fin de l’année, « organisera un sommet des ministres de l’agriculture pour parler de volatilité des matières premières et par conséquent des produits agricoles », prévoit Nicolas Sarkozy. « Cette course vers le bas ne peut conduire qu’à la catastrophe ».

« A l’Omc, la France ne cèdera rien », a rappelé le président de la République qui regrette par ailleurs que le projet « d’Euroméditerrannée » soit entravé par le conflit israélo-palestinien. Or cette région, principal importateur de céréales, offre d’importants débouchés pour les céréales françaises.

 

 «Les difficultés des agriculteurs résultent sans aucun doute des politiques libérales à l'oeuvre» (Marie-George Buffet, secrétaire générale du parti communiste)

 Le Parti communiste aux cotés des agriculteurs. Voici quelques extraits d'un courrier envoyé par sa secrétaire nationale, Marie-George Buffet, au président de la république, le 30 mars dernier. Elle y mentionne son désarroi face à leur situation économique.
Elle «résulte sans aucun doute des politiques libérales à l'oeuvre, de la spéculation
foncière comme celle exercée sur les matières premières agricoles et des marges indécentes que
s'octroient les groupes de la grande distribution.»
«Je vous demande, Monsieur le Président, d'agir en faveur de mesures d'urgence, en France
et en Europe, pour garantir un revenu décent aux agriculteurs et préserver les terres agricoles de
la convoitise des spéculateurs. »
«La France doit promouvoir avec courage, pour l'après 2013, une réforme de la Politique agricole
commune fondée sur la souveraineté alimentaire et la préférence communautaire dans le cadre
d'un développement économique, agronomique et écologique. L'Europe doit fixer des objectifs de
rémunération du travail paysan et de développement de l'emploi. L'urgence est là pour tous les
agriculteurs et notre responsabilité est d'y répondre avec détermination.»

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